Cet été, l’ikob accueille Adrien Tirtiaux (*1980, vit et travaille à Anvers, nominé en 2013 pour le "Young Belgian Art Prize") en résidence et lui offre carte blanche pour repenser le musée dans sa forme comme dans son fond. Partant le plus souvent du lieu dans lequel il s’immerge, Adrien Tirtiaux construit des dispositifs par lesquels il saisit et transforme notre rapport à l'environnement. Ses installations, interventions spatiales et performances prennent des formes variées, résultant d’une analyse précise du contexte dans lequel elles se situent. Son œuvre émerge ainsi de la matière même mise à disposition et, de ce fait, a cette capacité de renverser les perspectives, de révéler le statut d’énigme sculpturale de tout lieu.

Architecte de formation et artiste diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Vienne, Tirtiaux s’est donc fixé un cahier des charges herculéen pour cette immersion dans l’ikob et son fonctionnement : effectuer douze travaux pour l’institution, à l’image des héros de bande dessinée dont il s’inspire. Douze travaux, audacieux ou dérisoires, qui constitueront le fil narratif de l’exposition tout en soulignant le caractère performatif de la démarche de l’artiste.

« Suggérer l’architecture et le fonctionnement du musée, […] créer un musée dans l’institution avec les moyens et l’attitude d’un centre d’art. Consacrer ce dernier comme terrain d’expérimentation avant tout, en opposition avec le caractère pérenne du musée. Il s’agit, pour ma première grande exposition institutionnelle en Belgique, de proposer le contraire d’une rétrospective: Un projet in situ répondant au contexte particulier de l’ikob. » - A. Tirtiaux, extrait du projet

Livré corps et âme à l’artiste, l’ikob devient ainsi à la fois l’objet et le sujet, le matériel et la matrice de l’œuvre à venir, se transformant au grès du processus de création tour à tour en atelier, plateforme de production et d’exposition. De cette manière, cette exposition singulière, s’il en est, pointe sur une pratique spécifiquement contemporaine qui consiste, à l’aide d’interventions spatiales spécifiques, à élargir le champ sculptural aux dimensions architecturales, voire socioculturelles, du lieu.

Dans la lignée de Gordon Matta Clarck, Tirtiaux déconstruit la substance immuable du musée pour en faire un lieu de production, un lieu d’expérimentation et de création, un lieu ouvert vers l’inconnu, à la fois en gestation et en devenir – le lieu du contemporain par excellence et d’un dialogue entre art et architecture. Comme autant d’interventions signifiantes dans le tissu du lieu, ses 12 travaux l’édifient comme œuvre d’art, révélant en même temps le statut particulier de la collection et de l’ikob lui-même, entre musée et centre d’art.